Prométhée par Gustave Moreau

Vision romantico-héroïque de Prométhée, par Gustave Moreau (ici, l’oiseau est un vautour)

Prométhée, qui était de la race des Titans, a toujours été considéré comme l’ami du genre humain et parfois même son créateur. Habile et ingénieux, il lui a enseigné les sciences et les arts utiles. Son nom signifie "celui pense avant d’agir", et cette prévoyance lui a permis d’éviter, à lui comme à Zeus ou à se propres enfants, bien des déboires, mais pas de les empêcher, ni d’encourir la colère de Zeus… colère qui finit par se calmer.

Si la figure héroïque de Prométhée, qui se dresse avec courage devant Zeus pour le bien de l’humanité, s’est popularisée et reste vivace, le fait de nous plonger dans les mythes concernant ce héros nous a fait trébucher à chaque pas sur des versions diverses et souvent contradictoires. Là, comme souvent dans la mythologie grecque, on devine une trame ancienne (qui pourrait avoir une base "historique", réelle, pourquoi pas ?) qui aurait donné lieu à toutes sortes de broderies et de rapiéçages… Plus sérieusement, on découvre dans cette légende, avec une certaine excitation, de nombreux points communs avec la Bible.

La légende de Prométhée se situe pour une large part dans le Cacause. Cette chaîne de montagne, qui s’étend de la Mer Noire à la Mer Caspienne, sépare l’Europe (au Nord) de l’Asie (au Sud), la Colchide (au Sud) de la Scythie (au Nord), l’actuelle Tchétchénie.

Prométhée le Titan

Ignoré par Homère (ni l’Iliade, ni l’Odyssée, ni le Hymnes n’en font mention), Prométhée est largement évoqué par Hésiode, le premier, dans sa Théogonie.

Selon Hésiode, Prométhée était fils du Titan Japet et l’Océanide Clyméné (il appartenait donc à la seconde génération des Titans, et était cousin germain de Zeus). Selon Eschyle (6e et 5e s. av. J.-C.), la mère de Prométhée serait la Titanide Thémis, qui sera par la suite seconde épouse de Zeus, mère des Heures et des Moires (ou Parques, en latin). Selon d’autres légendes, plus tardives, il est considéré soit comme un fils d’Ouranos et de Gaïa (ce qui fait qu’il appartiendrait à la première génération de Titans, et qu’il serait frère de Cronos et de Rhéa, père et mère de Zeus), soit, comme le raconte Apollodore dans sa Bibliothèque, le fils du Titan Japet et de l’Océanide Asia, et donc soeur de Clyméné. Une légende étrange, et dont on ne retrouve qu’un seul écho dans la littérature (en fait, dans des commentaires tardifs de l’Iliade), ferait de Prométhée le fils d’Héra, rendue enceinte suite au viol par le géant Eurymédon alors qu’elle été enfant. Le nom de Japet, père de Prométhée, évoque fortement le nom d’un des trois fils de Noé, Japhet. Et cela n’est pas le premier point commun avec l’histoire de Noé !

Revenons à Hésiode, qui décrit ensuite les frères de Prométhée :

– Atlas "plein d’esprit de puissance", que l’on connaît plutôt sous les terme de "géant Atlas", qui fut condamné par Zeus à porter sur ses épaules la voûte céleste,

– "l’insolent Ménoetios", qui fut foudroyé par Zeus et envoyé dans le Tartare "en raison de sa folle présomption et de son courage plus que redoutable",

– Épiméthée, qui était l’opposé de Prométhée et qui fut "dès le commmencement un malheur pour les hommes mangeurs de pain". Pourquoi un malheur ? C’est ce qu’Hésiode nous racontera , car il épousa Pandore, la première femme, créature forgée par Zeus pour se venger de l’humanité. Cet épisode, nommé "histoire de la boîte de Pandore", est également racontée, toujours par Hésiode, dans un autre de ses poèmes, Les Travaux et les Jours.

Quant au destin de Prométhée, Hésiode rapporte ensuite le supplice de Prométhée et la manière dont il fut libéré.

L’Histoire de Prométhée chez Hésiode : la Part des dieux, le Vol du Feu et la Boîte de Pandore

Hésiode, dans sa Théogonie, rapporte épisodes de la vie de Prométhée :

– comment, par ruse, il régla le partage de la viande entre sacrifices pour les dieux et nourriture pour les humains, au bénéfice de ces derniers, et comment il irrita Zeus pour la première fois,

– comment Zeus refusa de donner le feu aux hommes et comment Prométhée le lui déroba, "au creux d’une férule" (ou d’un fenouil),

– comment Zeus, irrité au plus haut point, se vengea en créant la première femme, Pandore, parée de toutes les beautés et de tous les charmes, et comment elle ouvrit la jarre où étaient enfermés les malheurs qui touchèrent alors l’humanité.

Voici le texte d’Hésiode :

" C’était aux temps où se réglait la querelle entre les dieux et les mortels, à Mécôné. Ce jour-là, Prométhée avait partagé, de bon coeur, un boeuf énorme, qu’il avait ensuite placé devant tous. Il cherchait à tromper Zeus : pour l’une des deux parts, il avait mis sous la peau les chairs et les entrailles riches et grasse, puis caché le tout dans la panse du boeuf ; pour l’autre, il avait, par un artifice rusé, disposé en un tas les os nus de la bête et les avait recouverts de graisse blanche. Sur quoi, le père des dieux et des hommes lui dit : " O fils de Japet, noble seigneur entre tous, tu as usé de partialité, bel ami, dans le partage des parts. "

Ainsi, railleur, parlait Zeus aux desseins éternels. Et Prométhée aux idées retorses lui répondit avec un léger sourire, méditant sa ruse: " Zeus très grand, le plus glorieux des dieux immortels, choisis donc de ces parts celle que ton coeur te montre, en ta poitrine ".

Voilà ce qu’il dit, n’ayant en tête que son projet rusé, et Zeus aux desseins éternels comprit la ruse et sut la reconnaître. Mais déjà en son coeur, il méditait la ruine des mortels, tout comme en fait il devait l’achever. De ses deux mains il souleva la graisse blanche, et la colère emplit son âme, tandis que la bile montait à son coeur, à la vue des os nus de la bête, révélant la ruse . — Et aussi bien est-ce pourquoi, sur la terre, les fils des hommes brûlent aux Immortels les os nus des victimes sur les autels odorants — Et, indigné, l’assembleur de nuées, Zeus, dit : " Ah ! fils de Japet, qui en sais plus que nul au monde, je le vois, bel ami, tu n’as pas oublié la ruse."

Ainsi, irrité, parlait Zeus aux conseils éternels ; et, dès lors, de cette ruse gardant toujours le souvenir, il se refusait à diriger sur les frênes l’élan du feu infatigale pour le profit des mortels, habitants de cette terre. Mais le brave fils de Japet sut le tromper et déroba, au creux d’une férule, l’éclatante lueur du feu infatigable ; et Zeus, qui gronde dans les nues, fut mordu profondément au coeur et s’irrita en son âme, quand il vit briller au milieu des hommes l’éclatante lueur du feu. Aussitôt, en place du feu, il créa un mal, destiné aux humains. Avec de la terre, l’illustre Boiteux modela un être tout pareil à une chaste vierge, par le vouloir du fils de Cronos. La déesse aux yeux pers, Athéna, lui noua sa ceinture, après l’avoir parée d’une robe blanche, tandis que ses mains faisaient tomber de son front un voile aux mille broderies, merveille pour les yeux. Autour de sa tête elle posa un diadème d’or forgé par l’illustre Boiteux lui-même, de ses mains adroites, pour plaire à Zeus son père : il portait d’innombrables ciselures, merveille pour les yeux, images des bêtes que par milliers nourrissent la terre et les mers ; Héphaistos en avait mis des milliers — et un charme indéfini illuminait le bijou — véritables merveilles, toutes semblables à des êtres vivants.

Et quand, en place d’un bien, Zeus eut créé ce mal si beau, il l’amena où étaient dieux et hommes, superbement paré par la Vierge aux yeux pers, la fille du dieu fort ; et les dieux immortels et les hommes mortels allaient s’émerveillant à la vue de ce piège, profond et sans issue, destiné aux humains. Car c’est de celle-là qu’est sortie la race, l’engeance maudite des femmes, terrible fléau installé au milieu des hommes mortels. Elles ne s’accomodent pas de la pauvreté odieuse, mais de la seule abondance. Ainsi, dans les abris où nichent les essaims, les abeilles nourrissent les frelons que partout suivent oeuvres de mal. Tandis qu’elles, sans repos, jusqu’au coucher du Soleil, s’empressent chaque jour à former des rayons de cire blanche, ils demeurent, eux, à l’abri des ruches et engrangent dans leur ventre le fruit des peines d’autrui. Tout de même, Zeus qui gronde dans les nues, pour le grand malheur des hommes mortels, a créé les femmes, que partout suivent oeuvres d’angoisse, et leur a, en place d’un bien, fourni tout au contraire un mal. Celui qui, fuyant, avec le mariage, les oeuvres de souci qu’apportent les femmes, refuse de se marier, et qui, lorsqu’il atteint la vieillesse maudite, n’a pas d’appui pour ses vieux jours, celui-là sans doute ne voit pas le pain lui manquer, tant qu’il vit, mais, dès qu’il meurt, son bien est partagé entre collatéraux. Et celui, en revanche, qui dans son lot trouve le mariage, peut rencontrer sans doute une bonne épouse, de sain jugement ; mais, même alors, il voit toute sa vie le mal compenser le bien ; et, s’il tombe sur une espèce folle, alors, sa vie durant, il porte en sa poitrine un chagrin qui ne quitte plus son âme ni son coeur, et son mal est sans remède.

Ainsi il n’est pas facile de se dérober ni de se soustraire au vouloir de Zeus. Le fils de Japet lui-même, le bienfaisant Prométhée, n’a pas échappé à sa grande colère, et, malgré tout son savoir, la contrainte d’un lien terrible le tient."

Cette femme parfaite qui fut à l’origine des maux de l’humanité est Pandore. Hésiode revient sur le mythe de Pandore dans l’un de ses autres poèmes, Les Travaux et les Jours.

Prométhée le Prévoyant

Soit par intelligence, soit qu’il eût des capacités de devin, Prométhée donna à son entourage de nombreux bons conseils.

Selon Hésiode, il enjoignit son frère Epiméthée de refuser tout cadeau que Zeus lui ferait. Mais le frère étourdi e put résister à la beauté de Pandore.

Eschyle rapporte que, averti par sa mère Thémis de l’oracle de Gaïa, selon lequel toute lutte entre Zeus et les Titans s’achèverait par un désastre pour ces derniers, il déconseilla, d’abord, aux Titans de s’opposer à Zeus, puis à ce dernier d’enfermer les Titans au Tartare.

Selon Apollodore, il déconseilla à Zeus d’épouser Thétis, la plus belle des Néréides, qu’il se disputa à Poséidon et pour laquelle il s’était pris d’une grande passion. En effet, Prométhée avait appris que le fils que la Néréide mettrait au monde deviendrait roi du Ciel.

Il donna aussi à Héraclès de précieux conseils, comme on le verra.

Le Créateur de l’Homme et l’ami d’Athéna

L’ingénieux, le prévoyant, l’habile Prométhée désespérait qu’aucune des créatures de la Terre ne partageait ses qualités. Avec l’aide d’Athéna, il modela une figure d’argile, à l’image des dieux, faite de terre et d’eau, à Panopée en Phocide (région située au Nord du Golfe de Corynthe). Athéna lui insufla la vie, et ce fut l’Homme. Comme dans la Bible, l’homme est créé à partir de la terre. Pausanias, dans le livre X de sa Description de la Grèce, affirme que l’on pouvait encore voir, à son époque, devant une chapelle de Panopée dédiée à Prométhée, un peu de l’argile qui servit à façonner le premier humain.

Fait d’eau et de terre par Prométhée, porté à la vie par l’air du souffle d’Athéna, l’Homme n’avait plus guère besoin que du feu, et c’est Prométhée qui le lui a apporté. Il lui donna le feu à l’insu de Zeus, l’ayant dérobé dans une tige de férule (ou de fenouil). Les quatre éléments étaient là pour constituer l’espèce humaine.

Prométhée, qui était là lorsqu’Athéna naquit de la tête de Zeus (selon certains, c’est Prométhée qui fendit la tête de Zeus pour en laisser sortir la déesse), avait beaucoup d’affinités avec la déesse qui lui enseigna toutes sortes de sciences et d’arts utiles. Prométhée, à son tour, les enseigna aux humains.

Eschyle, l’un des plus grands tragédiens grecs, a consacré une pièce, son Prométhée enchaîné, au Titan. C’est dans ce texte que sont exposés tous les bienfaits accomplis par Prométhée à l’égard de l’humanité.

" Aussitôt assis sur le trône paternel, sans retard, il répartit les divers privilèges entre les divers dieux et commence à fixer les rangs dans son empire. Mais aux malheureux mortels, pas un moment il ne songea. Il en voulait au contraire anéantir la race, afin d’en créer une toute nouvelle. A ce projet nul ne s’opposait, que moi. Seul, j’ai eu cette audace ; j’ai libéré les hommes et fait qu’ils ne sont pas descendus, écrasés, dans l’Hadès… "

Eschyle décrit ensuite, par la bouche de Prométhée, comment les hommes, sans arts ni sans sciences :

"…voyaient sans voir, écoutaient sans entendre. Pareils aux fantômes des songes, ils vivaient leur longue existence dans le désordre et la confusion. Ils ne savaient se servir ni de briques ni de charpente pour construire des maisons éclairées par le soleil. Et, cachés sous terre, ils habitaient, comme l’agile fourmi les retraites profondes de leurs antres obscurs. Nul signe certain ne leur faisait distinguer l’hiver, ni le printemps fleuri, ni l’été des moissons, ni l’automne des fruits. Sans réflexion ils faisaient tout au hasard, jusqu’au moment où je leur fis observer le lever des astres, et leur coucher, plus difficile encore à connaître. Pour eux, je fis la plus belle découverte, celle des nombres ; j’ai trouvé la combinaison des lettres et l’usage de la mémoire, mère des muses créatrices de tous les arts. C’est moi qui le premier ai soumis au joug le boeuf sauvage, afin qu’il fût esclave et que, par la force de son corps, il succédât aux hommes, dans leurs plus pénibles travaux. Par moi les coursiers dociles au frein ont été attelés aux chars, ornement du luxe que permet une richesse démesurée. Nul autre que moi n’a inventé ces voitures aux ailes de lin qui parcourent les mers… Avant moi, et c’est ici mon bienfait le plus grand, étaient-ils attaqués de quelque maladie, nul remède pour eux, ni aliment, ni huile pour leur corps, ni boisson. Il dépérissaient faute de remède, avant que je leur eusse enseigné ces compositions salutaires qui les préservent de tous les maux. J’ai réglé les différents genres de divination. Le premier j’ai distingué, pari les songes, les visions véritables, expliqué les pronostics difficiles, et les présages qu’on rencontre en chemin… Ce n’est pas tout : ces biens utiles, cachés dans la terre, l’airain, le fer, l’argent et l’or, qui se vantera de les avoir découverts avant moi ?.. En un mot, sache que les humains doivent tous les arts à Prométhée."

Selon Platon (Protagoras), si les humains étaient comme "les fantômes des songes", c’est que, au moment du partage des qualités entre les différentes espèces vivantes qui peuplaient la terre, ce fut Epiméthée qui s’occupa de ce partage : il pourvut si bien les animaux qu’il ne resta plus rien pour l’homme.

On comprend encore mieux cette symbolique du feu. On peut associer aux quatre éléments des "constituants" de l’être humain : la terre est le corps matériel, l’eau est l’énergie vitale figurée par les fluides qui parcourent le corps et l’air est la pensée. Le feu, ici, représente une forme supérieure de pensée (l’éclair qui traversa Einstein quand il reçut l’étincelle de la Théorie de la relativité ?). C’est aussi cela que Prométhée a apporté aux hommes, pas seulement l’outil qui leur permettait de faire fuir les bêtes sauvages, de cuire les aliments et de forger les métaux.

Le Supplice de Prométhée

Pour avoir donné le feu à l’Homme, Prométhée fut condamné par Zeus à être enchaîné sur le Caucase (Hésiode, quant à lui, ne parle pas du Caucase, mais seulement d’une "colonne"). Eschyle, dans son Prométhée enchaîné, s’étend sur les raisons multiples et retorses qui ont poussé Zeus à châtier cruellement le Titan. Il ne s’agissait pas seulement du feu, à proprement parler, mais du "feu céleste", le "maître dont ils apprendront bien des arts".

C’est Héphaïstos, le dieu forgeron, qui cloua Prométhée. Il y demeura, comme le raconte Apollodore, "un grand nombre d’années, et un aigle venait chaque jour lui manger le foie, qui renaissait pendant la nuit." C’est Héraclès qui délivra Prométhée de son supplice, après avoir tué l’aigle d’un coup de flèche.

Du sang des blessures de Prométhée naquit le crocus du Caucase (pour la petite histoire, c’est du pistil d’une espèce de crocus que l’on tire le safran), comme la mandragore pousse au pied des gibets. Et c’est de ce crocus que Médée tira un suc dont elle donna une fiole à Jason lorsqu’il lui promit de l’épouser : il s’en enduisit le corps et put ainsi mettre sous le joug deux taureaux furieux, dont les naseaux crachaient des flammes, labourer les champs d’Arès, y semer des dents de dragon et réduire à néant l’armée qui en sortit. Ayant accomplit cet exploit, il reçut la Toison d’or des mains du roi Aeétès.

Prométhée et Héraclès : Chiron et l’immortalité de Prométhée, les Pommes d’or et sa délivrance

Dans la Bibliothèque d’Apollodore, recueil tardif, mais l’une des plus abondantes sources de Mythes grecs, on retrouve Prométhée dans la légende du héros Héraclès, au cours de deux de ses douze travaux.

Lorsque le héros chassa le sanglier d’Erymanthe, il blessa de sa flèche, par erreur, le Centaure Chiron qu’il toucha au genou. Chiron, qui connaissait pourtant bien des remèdes – il avait enseigné la médecine au fils d’Apollon qui allait devenir le dieu de la médecine, Asclépios – ne put guérir de cette blessure faite par une flèche trempée dans le sang du monstre qu’était l’Hydre de Lerne et qu’Héraclès avait vaincue. Or, Chiron était immortel : il était donc condamné à souffrir pendant toute l’éternité à venir. Que ce fut de douleur ou par lassitude après une longue vie, il exprima son désir d’échanger son immortalité contre le repos éternel. Prométhée, qui, bien que Titan, était mortel, se proposa. Zeus y consentit. Ainsi, Chiron, autre bienfaiteur de l’humanité, quitta cette terre.

Quant au second épisode où interviennent conjoitement Héraclès et Prométhee, il s’agit du onzième des Douze Travaux d’Héraclès (ou Hercule, selon la prononciation latine), la quête des Pommes d’or du jardin des Hespérides.

Ces pommes d’or étaient le cadeau de noces offert par Gaïa à Zeus et à Héra. Elles étaient gardées par Ladon, le dragon immortel fils de Typhon et d’Echidna, monstres qui faisaient partie de la descendance de Gaïa, et par les quatre Nymphes des Hespérides, Aglaé, Érythie, Héspérie et Aréthuse. Il avait appris de >Nérée que le jardin se trouvait en Lybie, Héraclès parcourut cette région, mais ne les y trouva pas. Il se dirigea alors vers l’Est, traversant l’Egypte, l’Arabie, traversant la mer pour atteindre le Caucase, tout en trouvant sur son chemin de nombreuses aventures.

Arrivé dans le Caucase, il tua d’un coup de flèche l’aigle qui torturait Prométhée et libéra le Titan. C’est ici que se place l’épisode de l’échange de l’immortalité entre Chiron et Prométhée. Héraclès fut leur messager auprès de Zeus. Ainsi, après le supplice, Prométhée devint immortel.

En remerciement, Prométhée indiqua à Héraclès que le Jardin se trouvait au pays des Hyperboréens et lui donna deux conseils. D’abord, de ne pas cueillir les pommes de ses mains, mais de proposer à Atlas de le soulager du poids du ciel, et de l’envoyer cueillir les pommes à sa place. Ensuite, de rendre à Atlas sa charger au plus vite, dès qu’il aurait obtenu les pommes, parce qu’Atlas ne voudrait lus reprendre sa charge.

Arrivé au pays des Hyperboréens, le héros rencontra Atlas, qui fut trop heureux de se décharger un moment du poids énorme du ciel. Atlas posa le ciel sur le épaules du héros et partit cueillir trois pommes d’or, mais, conformément à ce qu’avait dit Pométhée, Atlas ne voulut plus reprendre sa charge. Alors, par ruse, Héraclès lui demanda de la reprendre juste un moment, le temps de se mettre sur la tête un bandeau qui l’aiderait à supporter ce poids. Atlas, dans sa naïveté, posa les pommes à terre et accepta de soutenir le ciel un moment encore : Héraclès s’empara des pommes et s’enfuit.

Les enfants de Prométhée et le déluge de Deucalion

Selon Apollodore, Prométhée eut pour fils Deucalion, roi de Phthiotide (région de Phthie ou Phtia en Thessalie, l’actuelle Lamia), qui épousa sa cousine Pyrrha, fille d’Epiméthée et de Pandore. Ils furent les survivants d’un déluge qu’envoya Zeus pour détruire l’espèce humaine.

Deucalion eut pour fils Hellen, ancêtre légendaire du peuple grec (en grec, "Grèce" se dit "Hellas").

Qu’il fut le "créateur" de l’espèce humaine ou le "père" du peuple grec, Prométhée s’est opposé à Zeus dans ses désirs de perdre l’humanité. Cadeau empoisonnée, déluge, privation… Ce rôle d’opposant à l’"autorité divine supérieure" et de "porteur de feu" le rapproche de Lucifer (qui signifie littéralement "porteur de lumière") ou de Satan. Et, sous d’apparentes similitudes, c’est un gouffre philosophique qui sépare donc les traditions méditerranéennes des traditions sémitiques, qui font de cette lumière un mal pour l’humanité, et Lucifer-Satan un être détestable. De même que la consommation du fruit de l’arbre de la "connaissance du bien et du mal" (si désirable en lui-même) est interdite dans le jardin d’Eden.