L’opéra est né en Italie, autour de l’an 1600, des savants travaux de la Camerata Bardi et du génie d’un musicien nommé Monteverdi.

Florence, vue aérienne sur le Ponte Vecchio

Florence, vue aérienne sur le Ponte Vecchio

Depuis l’époque médiévale, on associait théâtre et musique, dans des pièces que l’on nommait des « jeux », et qui appartenaient aussi bien au répertoire profane (Jeu de Robin et de Marion…) que religieux (Jeu de Daniel, Jeu de Saint Nicolas…).

La fin du 16e siècle allait être foisonnante dans l’exploration de nouveaux genres et styles musicaux, tandis qu’à Florence, les musiciens et les poètes de la Camerata Bardi tentaient de retrouver l’essence du théâtre grec antique, où la musique tenait un rôle important. Leurs réflexions les avaient conduits à la conviction que musique et parole devaient être intiment liés. Les noces de Ferdinand 1e de Médicis et de Christine de Lorraine, en 1589, allait leur donner une occasion prestigieuse de mettre en pratique leur théorie : les intermèdes musicaux de La Pellegrina, pièce qui allait être représentée à l’occasion de ces noces, fut confiée à un poète, Rinuccini, et à 5 musiciens, Cavalieri, Malvezzi, Marenzio, Caccini et Peri. Presque tous font partie de la Camerata.

En 1600, c’est un spectacle religieux, donné à Rome, la Rappresentatione di Anima e di Corpo, de Cavalieri, également membre éminent de la Camerata, qui allait signer l’acte de naissance de l’oratorio.

Dans une autre cité d’Italie, Bologne, un autre groupe de penseurs, autour de Adriano Banchieri et de Orazio Vecchi, qui fondèrent l’Accademia dei Fioridi. Leur but était de développer les possibilités dramatiques du genre-roi dans l’Italie de la fin de 16e siècle, le madrigal. Orazio Vecchi donna en 1594 son Amfiparnaso, comédie madrigalesque. Si elle n’était pas destinée à être mise en scène, son impact est certain. Banchieri, après lui, composa plusieurs pièces dans ce style, avec un égal bonheur.

Mais c’est au cours du carnaval de 1597 qu’est représenté, au Palazzo Corsi à Florence, ce qui est qualifié de "premier opéra de l’histoire", la Dafne de Peri sur une pastorale de Rinuccini, point d’orgue des théories de la Camerata. Pour la première fois, on entendait une oeuvre dramatique entièrement chantée et centrée sur les émotions et l’âme des protagonistes du drame.

La partition a été perdue, mais nous connaissons une oeuvre ultérieure, l’Euridice du même auteur, représentée au Palazzo Pitti à Florence, le 6 octobre 1600, pour les noces d’Henri IV et de Marie de Médicis. L’oeuvre, composée d’un prologue et de 3 actes, est entièrement de "stile rappresentativo" et fait largement appel au "recitar cantando", création des musicien de la Camerata et ancêtre du récitatif, où la musique épouse intimement le texte, dans son sens, sans intervention d’airs. Contrairement à la Dafne, l’Euridice survécut, et fut représentée plusieurs fois par la suite, sur différentes scènes. Caccini, son contemporain, signa également quelques opéras, tous perdus aujourd’hui.

Mais il faudra attendre 1607 pour qu’un Mantouan mette son génie au service de ce nouveau genre, lui qui avait fait du recitar cantando cette musique incomparable que l’on sait, sache le doser avec art entre les airs et les ensembles et compose l’Orfeo qui, par la beauté de sa musique, son équilibre, sa puissance dramatique, s’impose ajourd’hui comme le chef-d’oeuvre fondateur de l’opéra.