Extrait de Sur la vie, l’art et les œuvres de Johann Sebastian Bach, de Johann Nikolaus Forkel (Leipzig, 1802), texte original et traduction de Michelle Blanckaert

Clavierübung, bestehend in einer Arie mit verschiedenen Veränderungen fürs Ciavicymbel mit 2 Manualen. Nürnberg, bei Balthasar Schmid. Diess bewundernswürdige Werk besteht aus 30 Veränderungen, worunter Canones in allen Intervallen und Bewegungen, vom Einklang bis zur None, mit dem fasslichsten und fliessendsten Gesange vorkommen. Auch ist eine regulaire 4stimmige Fuge, und ausser vielen andern höchst glänzenden Variationen für 2 Claviere, zuletzt noch ein sogenanntes Quodlibet darin enthalten, welches schon allein seinen Meister unsterblich machen könnte, ob es gleich hier bei weitem noch nicht die erste Partie ist.

Dieses Modell, nach welchem alle Variationen gemacht werden sollten, obgleich aus begreiflichen Ursachen noch keine einzige darnach gemacht worden ist, haben wir der Veranlassung des ehemaligen Russischen Gesandten am Chursächs. Hofe, des Grafen Kaiserling, zu danken, welcher sich oft in Leipzig aufhielt, und den schon genannten Goldberg mit dahin brachte, um ihn von Bach in der Musik unterrichten zu lassen. Der Graf kränkelte viel und hatte dann schlaflose Nächte. Goldberg, der bei ihm im Hause wohnte, musste in solchen Zeiten in einem Nebenzimmer die Nacht zubringen, um ihm während der Schlaflosigkeit etwas vorzuspielen. Einst äusserte der Graf gegen Bach, dass er gern einige Clavierstücke für seinen Goldberg haben möchte, die so sanften und etwas muntern Characters wären, dass er dadurch in seinen schlaflosen Nächten ein wenig aufgeheitert werden könnte. Bach glaubte, diesen Wunsch am besten durch Variationen erfüllen zu können, die er bisher, der stets gleichen Grundharmonie wegen, für eine undankbare Arbeit gehalten hatte. Aber sowie um diese Zeit alle seine Werke schon Kunstmuster waren, so wurden unter seiner Hand auch diese Variationen dazu. Auch hat er nur ein einziges Muster dieser Art geliefert. Der Graf nannte sie hernach nur s e i n e Variationen. Er konnte sich nicht satt daran hören, und lange Zeit hindurch hiess es nun, wenn schlaflose Nächte kamen: « Lieber Goldberg, spiele mir doch eine von meinen Variationen. » Bach ist vielleicht nie für eine seiner Arbeiten so belohnt worden, wie für diese. Der Graf machte ihm ein Geschenk mit einem goldenen Becher, welcher mit 100 Louisd’ors angefüllt war. Allein ihr Kunstwerth ist dennoch, wenn das Geschenk auch tausend Mal grösser gewesen wäre, damit noch nicht bezahlt. Noch muss bemerkt werden, dass in der gestochenen Ausgabe dieser Variationen einige bedeutende Fehler befindlich sind, die der Verlasser in seinem Exemplar sorgfältig verbessert hat.

Kulturica

Clavieruebung, composé d’une aria et de plusieurs variations pour clavecin à deux claviers. Baltasar Schmidt, Nuremberg. Cette œuvre admirable se compose de trente variations, parmi lesquelles des canons dans tous les intervalles et mouvements, depuis l’unisson jusqu’à la neuvième, dont la mélodie est aisée et limpide. Il s’y trouve aussi une fugue régulière à quatre parties, et, outre de nombreuses autres variations très brillantes pour deux claviers, enfin un quodlibet, comme on l’appelle, qui suffirait à lui seul à rendre son auteur immortel, bien qu’il n’occupe pas ici le premier rang.

Ce modèle, d’après lequel toutes les variations devraient être faites, quoique, pour des raisons évidentes, personne ne l’a jamais fait par la suite, nous le devons au comte Kaiserling, ancien envoyé de la Russie à la cour de l’Électeur de Saxe. Il séjournait souvent à Leipzig et amenait avec lui Goldberg, dont nous avons déjà parlé, pour recevoir de Bach des leçons de musique. Le comte était malade et avait des nuits d’insomnie. Goldberg, qui vivait chez lui dans sa maison, devait à ces moments-là passer la nuit dans une chambre attenante, pour pouvoir lui jouer quelque chose pendant ses insomnies. Un jour le comte exprima à Bach qu’il aimerait avoir pour son Goldberg quelques pièces de clavecin d’un caractère qui serait doux et quelque peu joyeux, afin qu’il pût en être quelque peu rasséréné pendant ses nuits d’insomnie. Bach pensa que ce souhait serait comblé au mieux à l’aide de variations, forme qu’il avait considérée jusqu’alors comme un travail ingrat, parce que la base harmonique est toujours la même. Mais comme, à cette époque, toutes ses oeuvres étaient modèles de l’art, ainsi devinrent, sous sa main, ces variations. Il n’a par ailleurs livré qu’un seul exemple de cette forme. Le comte ne les appelait jamais que ses variations. Il ne se lassait jamais de les entendre, et, pendant longtemps, lorsque lui venait une insomnie, il appelait alors : « Cher Goldberg, joue-moi donc une de mes variations ». Bach ne fut peut-être jamais, pour aucun de ses ouvrages, aussi grandement récompensé que pour celui-là. Le comte lui fit cadeau d’un gobelet d’or rempli de cent louis d’or. Mais la valeur artistique est telle cependant que, même si le présent avait été mille fois plus élevé encore, il n’aurait pas suffit à le rémunérer. Il faut observer que l’édition de ces variations portent des erreurs significatives, que l’auteur [de ce livre] a corrigées sur son exemplaire.