Une scène de la Gigantomachie, poterie attique à figures rouges

Détail d’un kylix, poterie attique à figures rouges, représentant une scène de la Gigantomachie
Collection des Antiquités, Altes Museum, Berlin.

De gauche à droite, Artémis aux prises avec le géant Gration, Zeus avec Porphyrion et Athéna avec Encelade.

Apparue vers la fin du 6e siècle à Athènes, la poterie à figures rouges a connu un grand développement après la destruction d’Athènes par les Perses (480 av. J.-C.) et pendant la période hellénistique. Elle a été exportée et d’autres centres de production sont apparus, notamment dans le sud de l’Italie. L’utilisation du pigment noir comme fond, laissant les corps apparaître dans la couleur de la terre cuite, donne à ces pièces un relief très particulier. Cette technique a donné lieu à des dessins de grande qualité. Jointe à l’élégance des lignes des poteries proprement dites, elle constituait un artisanat extrêmement raffiné.

Les très nombreuses pièces retrouvées de cet art, entières ou brisées, sont une source inépuisable de connaissances de l’antiquité grecque, que ce soit en terme de chronologie, de vie quotidienne ou de mythologie. C’est à l’archéologue allemand Adolf Furtwängler (1853 – 1907) que l’on doit l’utilisation de ces tessons pour établir des datations.

Ici, une scène de la Gigantomachie, ou « combat contre les géants ». Il s’agit d’un épisode mythologique, raconté par Hésiode, qui se situe au début du règne de Zeus, lors de la révolte des monstres issus de Gaïa, la terre-mère. Symboliquement, les divinités de l’ordre ont vaincu le désordre. Cet épisode, qui permet au conteur toute l’emphase possible pour décrire les forces en présence et la drôlerie face au ridicule des monstres vaincus, semble avoir joui d’une grande popularité.

Le style, bien composé mais non surchargé, les fines lignes soulignant adroitement les traits des corps, des visages et des drapés, et les ornements élégants, sont typiques de la fin du 5e siècle. Ce kylix est signé par deux artisans : le potier Erginos et le peintre Aristophane, signatures que l’on a retrouvées sur d’autres vases. Cette double signature démontre, d’une part, que ces artistes-artisans étaient reconnus et qu’ils étaient conscients de valeur ajoutée qu’apportait leur nom à leurs ouvrages, et d’autre part, que la qualité de la poterie (finesse, maîtrise du tournage, élégance de la forme…) et celle de la peinture étaient estimées de manière comparable.