1503 : Jules II succède au pape Borgia Alexandre VI, et l’appelle pour travailler à son tombeau. Episode le plus long et le plus frustrant de la vie de Michel-Ange, commence dans la gloire pour se réduire, au fil des ans, en peau de chagrin. Reçoit 1000 écus pour aller chercher du marbre à Carrare, où il passe 8 mois (et certainement, sculpte des colosses "semblables à ceux que nous ont laissés les anciens"). Les marbres sont conduits à Rome, où il couvrent la moitié de la place Saint-Pierre. Passage avec pont-levis qui communiquait de la galerie du palais de Jules II à son atelier. Termine 4 statues, ébauche 8 autres figures pour le monument.

Lorsque Jules II devint pape, en 1503, Michel-Ange était arrivé au somment de sa gloire florentine : les commandes affluaient, au point qu’il paraissait presque impossible qu’il pût les honorer toutes. Les ecclésiastiques voulaient ses oeuvres pour leurs églises et leurs édifices religieux, les notables tant pour leurs collections privés que pour l’embellissement de leurs cité. Michel-Ange était devenu le plus populaire des Florentins.

Jules II, ex-cardinal della Rovere, succédait à Pie III, dont le règne dura moins d’un mois, et qui lui-même succédait à Alexandre VI, le pape Borgia au règne scandaleux.

Jules II était un politicien aussi bien qu’un esthète. Son règne de 10 ans fut marqué par les guerres qu’il mena pour l’expansion de l’Etat pontifical, mais aussi par le début de la reconstruction de la basilique Saint Pierre, l’un des plus beaux et des plus grands bâtiments de son époque. Par contre, il ne chercha pas à rétablir une plus grande rigueur morale parmi le clergé, après les années Borgia, et, avec le développement de la vente des indulgences (ce qui revenait, pour le bénéficiaire, à acheter son entrée au Paradis en monnaies sonnantes et trébuchantes), on peut dire que la politique de Jules II contribua au schisme et à la Réforme (voir notre page sur la Contre-Réforme et la musique).

Jules II s’entoura d’artistes de renom : Raffaello, l’architecte Bramante, parmi les plus célèbres. Mais, surtout, il tint à faire venir Michel-Ange à Rome. Il s’occupa de renégocier les contrats que le jeune artiste avait à Florence et lui fit miroiter le grand projet de son mausolée : Michel-Ange arriva à Rome, probablement en 1504 ou en 1505. Datation : arrive probablement après l’érection du David, mais au moins 8 mois avant début 1506.

Alors commença, pour Michel-Ange, l’épisode le plus long et le plus frustrant de toute sa vie : celui du Tombeau de Jules II.

C’est ce qui l’a amené à Rome, mais l’idée qu’il avait en tête, le monument magnifique, inspiré de l’arche de Saint-Dominique sur laquelle il avait travaillé à Bologne (voir la seconde partie de la vie de Michel-Ange), mais d’un style radicalement nouveau, et d’une dimension incomparable, il ne le réalisera jamais. A sa place, une simple « façade », quelques statues, terminées par certains de ses élèves, 40 ans plus tard (à vérifier). parmi elles, cependant, le Moïse.

Arrivé à Rome, il s’entretient avec Jules II, réalise les premiers croquis (seul un nombre très limité des croquis préparatoires du tombeau nous sont parvenus). Problème : il faut surélever la toiture de la basilique. Jules II semble se rendre à cette idée et envoie le jeune homme à Carrare pour y chercher le marbre.

Jules II appelle Bramante, son architecte, qui le persuade de reconstruire Saint-Pierre, un bâtiment très ancien, qui menaçait de s’effondrer. Cette décision, avec les besoins financiers qu’elle allait impliquer, et qui laissera peu pour les autres projets. Jules II abandonne donc son idée de tombeau.

Lorsque Michel-Ange revient de Carrare, envahissant la place Saint-Pierre de blocs de marbre, tandis que d’autres sont sur le chemin, sa déception doit être immense. Il avait abandonné Florence pour ce projet grandiose, et reste les mains vides.

Début 1506, c’est la découverte du prodigieux Groupe de Laocoon. Michel-Ange est appelé sur le lieu de la découverte avec son ami Sangallo.