Le centre historique de Crémone

Vue aérienne du centre historique de Crémone, une évocation idéale de la Renaissance italienne : la tour de l’horloge, le duomo et le baptistère.

On dispose de fort peu d’informations sur l’enfance et la formation de Monteverdi. Le seul document officiel concerne son baptême, le 15 mai 1567.

Son père, Baldassare, était barbier-chirurgien et pharmacien. Ce métier n’était pas aussi considéré que celui de médecin, mais a procuré à une famille qui devait compter 5 enfants – Claudio était l’ainé – une relative sécurité. Par sa correspondance, on connaît assez bien Giulio Cesare, né 6 ans après Claudio, et qui soutiendra son frère aîné pendant toutes ses années difficiles. On ne sait rien, par contre, de leur mère.

Si elle ne pouvait offrir la vie musicale intense de très grandes villes comme Rome, Florence ou Venise, Crémone apporta toutefois à Monteverdi toutes les ressources nécessaires au développement de son génie.

Claudio a très probablement – aucune certitude cependant – étudié avec Marc’Antonio Ingegneri, compositeur de talent (on conserve de lui de forts belles pièces, essentiellement religieuses), violoniste, organiste, qui restera le principal acteur de la musique à la cathédrale de Crémone.

C’est l’évêque Nicolò Sfondrato, un homme puissant allié aux Visconti et qui deviendra pape en 1590, qui appela Ingegneri à Crémone et lui donna les moyens d’une réelle "politique" musicale. Sfondrato fut l’un des principaux intiateurs des débats sur la musique religieuse lors du Concile de Trente. Celui-ci eut une influence déterminante sur la musique de son époque et précipita la fin de ce que l’on appelait "le style polyphonique franco-flamand", l’unique courant musical savant à cette époque et que Monteverdi nommera plus tard la « prima pratica ». Monteverdi a donc été aux premières loges, en quelque sorte, de ces débats, et en retiré des principes qui ont nourri sa musique.

L’un des autres trésors que recélait Crémone est une université, où l’on peut être à peu près certain que Monteverdi étudia, entre autres, les Arts libéraux, parmi eux, la musique, d’un point de vue philosophique et humaniste.

Crémone, dont la lutherie reste encore aujourd’hui la plus réputée du monde et liée au nom de Stradivarius, a vu naître le violon (il faudrait nuancer cette affirmation, voir notre page consacrée à la naissance du violon), quelques années à peine avant la naissance de Monteverdi, sous les doigts du génial Amati. Monteverdi s’est très tôt intéressé à cet instrument qu’il intègrera dans toutes ses oeuvres "concertate" (avec instruments) ultérieures et ses partitions les plus célèbres, dont l’Orfeo, ont significativement contribué au succès de cet instrument.

Il est encore à Crémone lorsque Monteverdi publie ses premières oeuvres :

– deux recueils de musique sacrée, en 1582 et 1583, qui se distingue déjà du modèle alors en vigueur à cette époque, celui de la Polyphonie franco-flamande. Quand il publie son premier recueil de musique sacrée, Monteverdi n’a que 15 ans ;

– un recueil de canzonette à trois voix en 1584 et ses deux premiers livres de Madrigaux, pièces vocales d’un genre proprement italien, en 1587 et 1590 (il a 20 et 23 ans), auprès d’éditeurs vénitiens assez prestigieux pour qu’on puisse imaginer que, déjà, Monteverdi possédait l’estime de ses pairs.

C’est en 1591 que Monteverdi rejoindra la cour de Mantoue, au service du duc Vincenzo Gonzaga, en tant que violiste et chanteur.