Portrait de Femme du sud de l'Allemagne, autrefois attribué à Hans Holbein le Jeune

Portrait de femme du sud de l’Allemagne (c. 1420-1425 ?), tempera sur bois, 45 x 35 cm, autrefois attribué à Holbein le Jeune (1497-1543)
Mauritshuis, La Haye

Beaucoup de mystère autour de cette tempera sur bois. Elle a longtemps été attribuée à Hans Holbein le Jeune, était sensée représenter la femme de l’artiste, et a été courageusement datée de 1517, année où Holbein se trouvait avec son père, le peintre connu sous le nom de Holbein le Vieux, en Suisse, à Lucerne, engagés tous les deux pour réaliser des fresques murales par un marchand du lieu. Or, le costume de la jeune femme serait du style de l’Allemagne du sud.

Cette identification a été rejetée par les conservateurs mêmes du musée où le tableau est exposé, la Mauritshuis de La Haye. Pour eux, il n’est pas une oeuvre de Holbein, et serait plus tardif, il daterait de 1520 à 1525. Ce chef d’oeuvre fut donc déclassé, comme l’a été la très admirable Chute d’Icare, autrefois attribuée à Brueghel l’Ancien.

Pourtant, le style est bien celui de Holbein. Ce à quoi des experts répliquent qu’il s’agirait alors d’une oeuvre sortant « de l’atelier de Holbein ». Mais qui, dans cet atelier, aurait pu réaliser une tel chef-d’oeuvre ?

Dans sa quête de réalisme et de beauté, le peintre a dépassé le simple réalisme du dessin pour atteindre celui de la texture : par un jeu de transparences et de couleurs, il a réalisé un rendu des chairs du visage et des mains d’une sensualité et d’une fraîcheur rares. Par contraste, le voile est laissé inachevé, et pourtant, il donne une impression très vive de réalité : c’est vers ce jeu de l’inachevé-réaliste que s’orientera la quête de peintres tels que Velasquez, et il sera un élément essentiel du mouvement impressionniste (qui, sur ce point, n’a rien inventé).