L'Apollon du Belvédère

Apollon du Belvédère
Musée Pio Clementino, cité du Vatican.

L’Apollon dit « du Belvédère » (du nom du palais papal où il fut exposé) fut longtemps la sculpture la plus appréciée des amateurs d’art antique. Contrairement au Groupe de Laocoon, pourtant nettement plus virtuose sur le plan technique, l’Apollon du Belvédère ne plonge pas son observateur dans les affres de l’angoisse, bien au contraire, mais dans l’harmonie.

Comme l’Hermès portant Dionysos enfant, ou le Laocoon déjà mentionné, l’Apollon du Belvédère fut longtemps attribué aux plus grands maîtres de la « grande » période hellénistique, ou « second classicisme » (Léocharès, Praxitèle, actifs au 4e siècle avant JC). Mais lorsqu’on découvrit qu’il était fait de marbre de Carrare, inemployé avant le début de notre ère, il fut alors relégué au rang de « copie romaine d’un original perdu », tout comme les deux autres.

Parmi les hypothèses les plus couramment admises, l’original serait la statue de bronze de Léocharès que l’on connaît uniquement par une citation de Pline (Histoire naturelle), aucune représentation de cette oeuvre ne nous étant parvenue. À ce niveau d’incertitude, toutes les hypothèses sont permises.

Alors nous nous permettrons d’avancer l’hypothèse, tout aussi valable compte tenu que nous n’avons aucun document concernant sa découverte, que cette statue est une oeuvre de la Renaissance. Les premières mentions de son existence datent du début du 16e siècle : à cette époque, un seul artiste aurait eu le talent de la réaliser, Michel-Ange. Si on le compare à la Pietà et au David de cet artiste, l’Apollon du Belvédère possède des identités stylistiques indéniables avec ces oeuvres.

C’est la seule hypothèse qui rende compte des extraordinaires qualités artistiques et techniques de ce chef-d’œuvre : l’exactitude anatomique, le rendu de la musculature, du drapé et de la chevelure, l’équilibre des proportions du corps, la posture noble, proprement « apollinienne », la belle maturité du visage… et, non des moindres, l’impression d’équilibre et de sérénité qu’il dégage.