Le Groupe de Laocoon

Le Groupe de Laocoon
Musée Pio Clementino, cité du Vatican.

Ce groupe au sujet dramatique est la sculpture la plus extraordinaire de l’Antiquité, d’une virtuosité technique époustouflante et d’un tragique que l’on pourrait qualifier d’insoutenable. Elle est inspirée par le récit la mort de Laocoon et de ses deux fils, attaqués par deux serpents fabuleux, scène tirée de l’Enéide de Virgile.

Dès sa découverte en 1506, il a été identifié comme le groupe cité par Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle et qualifié de « pièce préférable à toutes les productions, que ce soit de la peinture ou de la statuaire ».

Comme l’Apollon du Belvédère, il fut longtemps attribué aux plus grands maîtres de la « grande » période hellénistique, ou « second classicisme », mais fut plus tard relégué au rang de « copie romaine d’un original perdu », non parce qu’une pièce de marbre de Carrare (qui commença a être utilisé seulement au cours du premier siècle de notre ère, au moment des « grands travaux » à Rome au temps de César Auguste) y est insérée, car il pourrait s’agir d’une réparation tardive, mais parce que son fini, lisse au point d’en être brillant, exclut toute datation antérieure.

On a rapproché stylistiquement cette oeuvre du grand autel de Pergame (rendu très réaliste des yeux, représentés comme des globes sous la paupière, technique unique dans toute l’histoire antique) et de la « grotte d’attraction » de Tibère à Sperlonga.

Nous devons répéter ici ce que nous écrivions à propos de la Chute d’Icare, un tableau autrefois attribué à Brueghel l’Ancien :

« On ne peut résoudre les problèmes d’attribution ou de datation en invoquant d’hypothétiques copistes : la copie ne sera que le fruit de l’oeil et de la main du copiste. Aussi sublime que soit l’original, un artiste médiocre n’en verra pas la grandeur et sera incapable de la restituer. Si la copie est un chef-d’oeuvre, il faut en chercher l’auteur parmi les grands maîtres. »

Cependant, dans tout le corpus occidental de la sculpture, rien ne se rapproche stylistiquement et techniquement d’aussi près du Groupe de Laocoon que la Pietà de Michel-Ange et que son David. Et on ne peut pas en conclure, comme certains l’ont fait, que le Laocoon avait eu sur Michel-Ange une influence profonde, puisque les deux oeuvres citées, la Pietà et le David, sont antérieurs à la découverte du Laocoon.

Nous ne sommes pas les premiers à affirmer que le Laocoon est une oeuvre de Michel-Ange. Une universitaire américaine, Lynn Catterson, notamment, nous a précédé. Les arguments à l’appui de cette thèse sont nombreux.

Toutefois, le meilleur argument, le plus clair, le plus lumineux, réside dans la comparaison de ces oeuvres. Dans ce site, sous les liens suivants : la première Pietà de Michel-Angele David de Michel-Ange, on trouvera des photographies de ces sculptures.

On peut avancer le raisonnement suivant : si les oeuvres de Michel-Ange ressemblent tant à des sculptures antiques, c’est qu’il a appris son art en copiant des sculptures antiques. Toutefois, aucune des oeuvres qu’il a eues sous les yeux lorsqu’il se trouvait à Florence, dans l’école de Laurent le Magnifique, n’arrivaient, et de loin, au niveau d’excellence du Laocoon, ni de ses propres oeuvres ultérieures.